Telle Terminatorette, Marie Range est de retour. Encore une fois. Comme le cafard qui survivrait aux attaques nucléaires selon la légende, je suis toujours là. Mais je te dois quelques explications sur le pourquoi d’une si longue absence.
« J’y vais mais j’ai peur » (tu la vois là, Josiane Balasko crever de trouille avant de descendre la pente en chasse-neige ?). Et ben voilà, là tout de suite maintenant et depuis des mois, c’est moi. Tout pareil. Mais je reprends la plume. Après des mois d’arrêt, plus ou moins volontaire. Je t’explique pourquoi je suis restée silencieuse si longtemps, même si je n’étais jamais bien loin.
Une (trop) longue histoire
Il y a un peu plus de deux ans, ô joie, j’étais pas si mal lancée, j’ai immatriculée ma société (oui bon, je me suis immatriculée toute seule vu que c’est de l’auto-entreprenariat) et j’allais tout péter. Sauf que… sauf que le jour où j’ai lancé les formalités, date déjà symbolique parce que c’était 7 ans jour pour jour après ma rupture conventionnelle… je suis tombée enceinte ! Attention, c’était prévu, voulu, toussa toussa. Mais au vu des difficultés pour que le petit rangeur prenne racine, on pensait que ça prendrait plus de temps. Bref. déjà symbolique parce que c’était la fin d’une période de ma vie professionnelle et d’une de mes vies tout court, cette date a revêtu une triple importance… et a été le début d’une (trop) looooooooongue pause pour le blog.
Parce qu’une grossesse à 38 ans, avec un Taz de presque 4 ans à l’époque, et bien comment dire… c’est notamment physiquement difficile à gérer. Mais allez voyons, puisque les autres nanas y arrivent, pourquoi pas toi ma fille ? Tu vas gérer, tu vas continuer à écrire, à mettre en place ton site, tes produits, etc… C’est tellement trop facile tout ça. Oui, oui… bien sûr. Mouhahahahaha. Je suis gentille… et naïve… voire un peu coconne sur les bords. Parce qu’il faut être honnête : nan la grossesse et les enfants ce n’est pas que du bonheur. Et que tu ne peux pas gérer une maison, un enfant, une construction d’alien ET d’activité professionnelle de front. Même avec le meilleur chéri du monde qui fait au mieux (oui mon amour, si tu me lis, je suis chiante, je ne te laisse rien faire en plus…). Parce qu’une fois que tu as amené ton fils à l’école, que tu as traîné ta vieille et grosse carcasse pour faire les courses ou juste un peu de ménage, qu’il est déjà 13h et que tu t’endors en bavant sur le canapé jusqu’à 15-16h, ben… les journées de boulot, elles sont légèrement réduites. Je ne sais pas comment les autres font, mais moi, je ne suis pas arrivée à faire autre chose qu’à me traîner pour gérer le minimum vital les 3-4 premiers mois. Alors que j’ai vécu une grossesse somme toute normale et sans être malade. Mais je dois être la seule, hein ? Voui voui voui. Parce que c’est pas légion les nanas qui l’avouent parmi les entrepreneuses.
Re-bref. A la rentrée 2019, ça commence à aller mieux, allez hop, plus d’énergie, on va repartir. Et ben non. Bim, gros problème familial, de nouveau grosse envie de tout envoyer valser. Après tout c’est peut-être pas une bonne idée ce blog. Alors oui j’ai des idées de partout, je sais que je peux aider du monde et que, accessoirement, je peux m’aider moi-même. Mais bon, là ça commence à faire tellement de bâtons dans mes roues que j’irais plus vite à pied. Allez, on tient bon, quand même. Je n’écris plus, mais je suis le blog en fil rouge, j’assure la maintenance, je note mes idées. Et puis je me dis que si je n’écris pas, je peux tout de même mettre en place « en vrai » ces fameuses idées. Sauf que… (oui, je suis sponsorisée par la ligue des « sauf que », donc j’en place une quantité dans ce billet), sauf que les travaux de la maison ne sont toujours pas finis, que ça fait 18 mois que ça dure et que l’entrepreneur se fout ouvertement de notre gueule (d’ailleurs, je pense qu’un jour je ferai certainement un ou plusieurs articles à ce sujet, ça peut être utile à d’autres, non pas pour ne pas se faire avoir, ça, je n’ai pas de baguette magique, mais pour diminuer les risques et savoir un peu plus comment réagir, voire attaquer par la suite). Nous sommes loin d’être malheureux, mais bon, vivre constamment dans les travaux, surtout quand ils n’avancent pas et n’ont pas vraiment de perspectives d’avancer, c’est chiant ce n’est pas facile, surtout moralement.
Allez, on arrive en janvier, mademoiselle rangeuse est prévue pour dans un mois, c’est bon, on est laaaaaaaaarge. Ah ben non, pas tant que ça, tiens, elle pointe le bout de son nez avec quinze bons jours d’avance, césarienne en semi-urgence, toussa toussa. Elle a quand même été sympa, parce qu’elle nous a évité tout le périple d’un accouchement dans la flamboyance du Covid. Mais voilà, ça n’arrange pas mes affaires professionnelles tout ça dites-moi madame. Quoi ? C’est pas quinze jours qui auraient changé les choses ? Excuse bidon ? Oui bon, ok, un peu. Et donc, comme si ça ne suffisait pas, alors qu’on se dépatouille avec les couches et les biberons, le confinement commence au moment où j’espérais pouvoir remettre un peu le pied à l’étrier. Je me souviens encore, à l’époque où j’étais en télétravail en tant que journaliste sportif, une personne de ma famille m’avait dit « ah ben c’est bien, tu travailles à la maison, tu pourras t’occuper de tes gosses en même temps ». A l’époque je savais déjà que ce n’était pas possible, les deux « occupations » nécessitant une légère totale concentration. Avec le recul, je ris, mais je ris ! Elle, artiste peintre et donc totalement consciente (enfin normalement) de ce que demande le processus créatif, surtout de ce que demande le processus créatif quand il est interrompu, pensait vraiment que les deux sont compatibles ? Et la marmotte…
Nan parce que toutes celles et ceux qui ont profité du confinement pour faire du pain, du yoga, des roues de charrettes tout ça avec le sourire et sans avoir envie de tuer leurs colocataires, surtout les plus petits aux grands yeux tout mignons mais tout fourbes… je ne les crois pas. Et je ne les trouve pas honnêtes. Car si d’aventure c’est vrai… qu’elles partagent leurs méthodes à toute épreuve bordel de putain de merde. Ou bien qu’elles donnent le nom de ce qu’elles font ingurgiter à leurs progénitures pour qu’ils restent calment et obéissants ! Je m’en fous de savoir faire des yaourts, moi ce que je veux, c’est avoir des gamins calmes et qui écoutent !!! Ou au moins des tornades de 5 ans qui ne vous envoient pas ch… comme des ados ! Tiens d’ailleurs à ce propos, c’est au déconfinement et juste avant le retour à l’école de juin qu’on a découvert le « fucking four », copain du « terrible two », qui a heureusement miraculeusement disparu lors des retrouvailles avec la maîtresse et quand le petit rangeur a passé moins de temps avec ses parents qu’il ne supportait visiblement plus.
Bon, en vrai, ça n’a pas été un enfer aussi terrible que ça, soyons totalement honnête. Mais bon, c’était pas le paradis sur Terre non plus. Un chéri qui travaille dans le salon (tu te souviens les travaux ?), que tu stresses de déranger quand il est en confcall, ou quand il bosse tout court. Plus un enfant de 4 ans et demi à qui il faut apprendre des trucs (« mais la maîtresse elle fait pas comme çaaaaaaaaaaaaaa » et « la maîtresse elle dit le contraiiiiiiiiiiiiire ») tout en te disant que tu risques de ruiner sa scolarité (parce que oui madame, la moyenne section de maternelle c’est charnière, c’est bien connu…). Sans compter un bébé de deux mois qui prend le chemin de son frère, rempli ses couches (trop) régulièrement et demande énormément d’attention. Tout ça sans vraiment les moyens de t’échapper, à part pour aller faire les courses, une fois par semaine. Ben oui, parce que dans tout ça, on jouait le jeu et on sortait vraiment juste en cas de nécessité. Donc, tout ça n’a pas été un enfer si terrible. On en est même sorti grandi, en se disant qu’on avait survécu et qu’on pourrait survivre à tout le reste (plus de 80 jours à s’occuper des gosses non stop c’est pas si mal !). Mais professionnellement, je ne sais pas si j’en suis sorti si grandie que ça…
Paralysée par la peur…
Six mois après le premier déconfinement, quatre mois et demi après s’être débarrassé des deux monstres (non pas dans la chaux, mais au centre de loisirs puis école et à la crèche). j’aurais théoriquement pu réécrire, relancer le blog, élaborer et lancer des produits, etc… Mais deuxième, puis surtout troisième confinement (les trois semaines pleines avec les gosses, tu t’en souviens ?). Et toujours pas de reprise claire et nette… Alors quoi ? Je suis juste une grosse feignasse ? C’est ce que je me suis longtemps dit. Et ce que je me dis encore, avant de me faire vertement engueuler par mon cher et tendre. Je sais qu’il a raison. Que je ne passe pas mes journées à ne rien faire, loin de là. Mais professionnellement, je tourne autour du pot. Je viens d’ailleurs de me rendre compte que même dans la rédaction de ce billet, j’ai fait une pause pile avant d’entamer la partie la plus « compliquée » du récit, alors que la première a coulé comme de l’eau de source et a été écrite en à peine une heure.
EDIT : je reprends ce billet plus de six mois après la dernière modification en date… c’est dire s’il a été difficile à accoucher !
EDIT 2 : ah, finalement, entre six mois et un an de plus pour finalement pondre et publier cet article… on se rapproche dangereusement de la gestation d’une éléphante là !
Pourquoi donc ai-je tant de mal à reprendre l’écriture ? Le cœur même de ma carrière. Ce pour quoi je n’ai pas pu abandonner ce métier ? Plus que ça, cette partie de mon moi professionnel alors que la partie journalisme sportif s’est envolée en fumée avec le burn out. Je ne sais pas. Enfin si j’ai des idées, mais je ne veux pas l’avouer. J’ai PEUR. Une trouille d’enfer. Je ne vois pas d’autres explications. Parce que écrire n’est pas douloureux, c’est même « libérateur ». Ce n’est pas non plus difficile, mes différentes expériences de remise en route me l’ont montré : quand je m’y mets, je remarque que mon cerveau (et même mes mains sur le clavier !) se remettent en ordre de bataille en un rien de temps. Je ne me vante jamais de rien, m’auto-congratule encore moins, mais s’il y a quelque chose que je sais, c’est que c’est MON TRUC. Je pourrais en faire des métiers s’il le fallait, mais j’en reviens toujours à la même chose : il faut que l’écriture en soit partie prenante. C’est uniquement comme cela que j’exprime ma véritable personnalité.
Mieux encore : j’en ai besoin et ça me fait du bien. Alors pourquoi cette peur passe-t-elle avant ce plaisir, cette source d’énergie dont j’aurais bien besoin pour survivre à mes monstres ? Quand on en a parlé récemment avec mon chéri-d’amour-que-j’aime, il m’a demandé si, à la manière d’un joueur de tennis, j’avais peur de réussir. Ce à quoi j’ai vite répondu non. Parce que s’il y a bien une chose dont je suis persuadée, c’est que j’ai les éléments pour que ce site et mon activité professionnelle soient utiles et pour que mes idées fonctionnent et me fassent vivre. Comme avant.
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