L’idée du journal de bord m’est venue il y a longtemps. Mais c’est finalement plus que récemment que je lui ai donné plus de contours nets dans ma tête. Alors il n’est peut-être pas encore vraiment abouti et évoluera avec le temps, mais au moins il est (enfin) là !
En fait, c’est simple : je veux t’emmener dans notre quotidien, te montrer comment parfois on en ch… et on comment on se dépatouille de tout ça. Te faire partager nos soucis, mais aussi nos réflexions et nos petites voire grandes victoires. Sans fard, ni faux-semblant, sans le vernis qu’on retrouve un peu trop souvent ici et là et notamment chez certaines personnes, qu’elles soient coaches, organisatrices, optimisatrices, etc…
Sauf que, soyons totalement honnête, j’ai débuté avec ce vernis. Une bonne grosse couche. Au début de l’aventure Marie Range, tellement satisfaite de reprendre une activité intellectuelle quelques mois après la naissance de mon premier enfant et persuadée quelque part que j’avais la science infuse, je pense que j’avais tous les symptômes de la donneuse de leçon. « Mais si c’est possible de gérer un travail, une maison, un enfant, un couple, etc… Eaaaaasy. Franchement, y a quoi de compliqué, avec un petit peu d’organisation d’avoir des couches lavables pour ton fils, de lui faire tous les petits pots toi-même, de faire tous tes repas maison, d’optimiser les courses pour économiser, blablabla« . Et le pire dans tout ça ? Je n’étais même pas de mauvaise foi… J’y croyais dur comme fer. Forcément, il est allé à la crèche à un an, mon activité était balbutiante et ne me prenait pas toute la journée, l’implication étant bien moindre qu’aujourd’hui. Bref, j’avais du TEMPS et pas tant de choses à faire que ça.
Alors oui, comme je l’écrivais à ce moment-là, point d’obligations, d’injonctions, juste des conseils. Sauf que à prôner tout ce que je prônais (le fait-maison, le bio, etc…), ben en fait j’étais devenue, même si ce n’est qu’en partie, l’une d’entre « elles ». Et je ressemblais certainement un peu à ça à gauche là (le collier de perles et le brushing teeeeeellement impeccable en moins). Je crois même que je l’ai écrit ou du moins pensé très fort : je comprenais très bien celles qui ne faisaient pas comme moi. Parce que c’est pas évident, soyons honnêtes. Mais quelque part, je ne comprenais pas pourquoi elles ne se bougeaient pas un peu plus pour y arriver et donner plus pour leur famille. Quand j’y pense… Quelle connasse !! J’avais beau m’en défendre, j’en étais une belle. Je faisais partie de celles en réaction desquelles j’ai voulu créer Marie Range : celles qui prennent les autres de haut et te font te sentir très très mal de ne pas être parfaite ou au moins de ne pas essayer.
Bref, à l’arrivée de Mlle Bulldozer (elle, on peut toujours voire de plus en plus l’appeler comme ça…), les choses ont changé. Ddrastiquement. Le Covid n’a pas aidé parce que nous avons dû vivre les premières semaines de notre fille confinés et faire comme tout le monde : se dé-mer-der ! Mais honnêtement, ça n’a fait qu’accentuer le problème et accélérer la prise de conscience.
LE DEUXIÈME ENFANT FAIT L’EFFET D’UN VÉRITABLE OURAGAN. NON TU NE FAIS PLUS LES MÊMES CHOSES, PAS PARCE QUE TU NE VEUX PLUS, MAIS PARCE QUE TU NE PEUX PLUS !!
Alors oui, ce n’est pas simple à vivre que de se rendre compte que tu n’est pas infaillible et que tu as des limites. Mais quelque part, c’est salutaire. En tout cas chez moi ça l’a été et ça m’a permis de me sauver professionnellement. Parce que là, j’allais dans le mur et je n’aurais été qu’une mère de plus à partager ses astuces. Sans grand intérêt supplémentaire, sans relief, sans particularités. Tout ce que je ne voulais pas en somme.
Et puis un jour, certainement après l’un des confinements et encore plus certainement après une discussion avec mon chéri, j’ai compris qu’en fait l’arrivée de Mlle Bulldozer et toutes les choses qui se sont passées autour nous ont fait passé en mode survie. Et qu’en fait tout ce que je voulais mettre en place, tout ce que je voulais organiser à la maison et dans la famille, ce n’était pas pour faire plus, mieux, etc, mais tout simplement pour survivre et surtout, surtout, alléger ce quotidien bien trop chargé. Attention, pas question de se plaindre, mais surtout de se rendre compte qu’il faut faire des choix. Soit je continuais comme ça et je restais une mère au foyer qui se consacre à 80% à sa famille et « s’amuse » de temps en temps à aider les autres avec les quelques expériences qu’elle a pu mettre en place. Soit je commençais à accepter qu’il y avait un enfant de plus (avec tout ce qui va avec à la maison, devenue plus grande entre temps d’ailleurs et donc plus difficile et longue à entretenir), qu’il était vital de me (re)lancer professionnellement et de faire travailler les neurones ET que j’avais véritablement besoin de trouver un équilibre AVEC les deux pour survivre. Tu te doutes bien que j’ai choisi la deuxième option. Mais qu’aujourd’hui encore l’équilibre est plus que précaire et qu’il y a certains jours, certaines semaines même, où je n’arrive à assumer ni l’un ni l’autre. Malgré tout, on avance et je suis persuadée qu’avec tout ce que je veux mettre en place, cet équilibre sera meilleur et la survie se transformera peu à peu en vie plus sereine.
C’est l’un des buts de ce journal que je veux mettre en place : te montrer ce qu’on vit, comment on s’en sort, comment on évolue, grâce à mon travail notamment et donc faire la preuve par l’exemple que cela peut marcher. Bon je digresse, je digresse, mais à la base, ces quelques petits mots étaient là pour t’expliquer le début du décompte de ce fameux journal de bord (que j’ai failli appeler journal de survie ou journal de guerre, mais bon, faut pas pousser quand même). J’aurais pu faire Jour 1, puis 15 jours après Jour 2, mais non. J’ai hésité aussi à faire partir tout ça à la date de mon burn out. Mais la prise de conscience ne datait pas de ce moment et ne concernait que le domaine professionnel.
Alors puisqu’une nouvelle vie a commencé à l’arrivée de Mlle Bulldozer, j’ai plutôt choisi le jour de sa naissance comme point de départ : le 18 janvier 2020.
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